Rencontre représentants de la Fédération Française des Assurances (FFA) – Guillaume ARNELL.

A ma demande, j’ai rencontré des représentants de la Fédération française de l’assurance (FFA), principale organisation représentative du secteur qui rassemble 280 entreprises d’assurances et de réassurance et couvre 99 % du marché.

J’ai voulu organiser cette réunion de travail pour faire un point complet sur l’activité des compagnies d’assurances à Saint-Martin, 1 an après le passage d’Irma, et attirer l’attention sur les difficultés particulières auxquelles nos concitoyens ont été confrontés depuis.

J’ai ainsi obtenu les derniers chiffres relatifs à la prise en charge des dégâts sur notre territoire. A la date du 10 octobre 2018, l’ouragan Irma a occasionné l’ouverture de 17.050 dossiers de sinistres à Saint-Martin (66 % des dossiers pour les Antilles françaises) pour un coût total de 1,139 milliard
€ (61 % du coût total). Près de 97 % des expertises nécessaires ont été
réalisées, tandis que 96 % des sinistres ont reçu un règlement, total ou partiel. A ce jour, les compagnies d’assurances ont ainsi versé 788 millions € pour les sinistres survenus à Saint-Martin, soit 69 % de la charge à régler.

Au cours de cette réunion, j’ai d’abord insisté sur le manque d’experts sur zone, après le passage de l’ouragan, alors que l’un des premiers besoins, une fois les urgences vitales traitées, était précisément d’évaluer les dégâts pour permettre une reconstruction dans les meilleures conditions. Il m’a été précisé que notre territoire ne disposait déjà pas d’experts en nombre suffisant en temps normal. La FFA avait bien alerté et mobilisé deux chambres syndicales d’experts avant l’ouragan, mais l’inaccessibilité de notre territoire avait conduit à reporter de plusieurs semaines une organisation efficace du travail d’expertise.

Environ 120 experts ont finalement été mandatés pour expertiser environ
7.000 bâtiments, qui ont concentré 95 % de destructions. Si les compagnies d’assurances ont fait le choix de donner la priorité aux dossiers de reconstruction des petits commerces et des pharmacies, afin de permettre à la vie économique de redémarrer, il est toutefois regrettable de constater de réels retards d’indemnisation des particuliers. L’absence de centralisation de l’action des experts l’explique en partie, ce que j’ai vivement déploré. Mais plusieurs facteurs ont également constitué des sources de complexité ayant retardé les indemnisations ou justifié des versements différenciés : la multiplicité des types de contrats souscrits, le caractère exceptionnel des destructions totales ou encore la difficulté à collecter les documents officiels. C’est aussi pour ces raisons que des consignes ont été données pour permettre des indemnisations sans justificatifs pour tout ce qui concerne les équipements domestiques usuels.

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Il est également apparu indispensable pour les professionnels et les particuliers de ne pas sous-évaluer leurs biens, même si cela conduit à renchérir le prix des polices d’assurance.

S’agissant des experts d’assurés, une grande confusion a été entretenue sur notre territoire en raison des agissements isolés d’aigrefins prompts à exploiter la désorganisation après l’ouragan. La présence de certains experts d’assurés a encore pu jouer sur des signatures trop rapides de devis, conduisant à des désaccords évitables. En la matière, j’ai rappelé que nos concitoyens, déjà très éprouvés, n’avaient pas besoin de faire face à des situations contentieuses. Sur ce point, il m’a été précisé que la saisine du Médiateur des assurances permettait d’apaiser les situations, d’autant que les compagnies d’assurance suivaient ses recommandations dans 99 % des cas.

Enfin, s’agissant de la reconstruction de notre territoire et de son avenir, les représentants de la FFA m’ont assuré qu’aucune compagnie aujourd’hui implantée n’avait l’intention de quitter Saint-Martin. De façon compréhensible, aucune nouvelle compagnie ne s’installera non plus. La carence en professionnels du BTP et matériaux explique en partie l’envolée des prix. Bien entendu, la reconstruction à l’identique est impossible d’autant que les phénomènes climatiques exceptionnels sont amenés à se répéter. Des mesures de prévention vont être demandées par les assurances pour couvrir à l’avenir les risques liés : impossibilité de reconstruire dans certaines zones, solidification des bâtiments, utilisation de matériaux particuliers et donc plus onéreux, réforme du plan de prévention des risques... Une réelle action de sensibilisation à la culture du risque va devoir être menée pour accompagner notre résilience.

Cette réunion très riche a permis d’appréhender au mieux les décalages encore existants entre les besoins des habitants de Saint-Martin et l’action des compagnies d’assurance, y compris en levant quelques incompréhensions. Beaucoup de travail reste à accomplir pour reconstruire notre territoire. Comme toujours, je ne manquerai pas d’exercer toute ma vigilance sur l’ensemble de ces questions en attirant régulièrement l’attention de la FFA sur les difficultés qui subsisteraient.

Guillaume Arnell